mardi 1 décembre 2020

Alain Bashung # 05

1er décembre 1947 14 mars 2009

Ce qui me rapproche d'Alain Bashung :

« Un cerveau méthodique et bûcheur, doublé d’un instinctif gourmand de tout. Une perle rare.»


Une dédicace :

Alain Bashung - Samuel Hall


J'ai offert ce portrait à

Dans quelles circonstances avez-vous rencontré Alain Bashung et qu’avez-vous pensé de lui la toute première fois ?


Rodolphe Burger (musicien) ­ Avant notre collaboration pour la chanson Samuel Hall (sur Fantaisie militaire), on se connaissait déjà de loin, on se croisait. Il y a des années, avant Kat Onoma, Alain était même venu voir mon groupe de l’époque, Dernière Bande, en concert. Il ne s’en souvient sans doute pas, mais il était monté sur scène pour chanter un moment… Des années plus tard, on s’est retrouvés en même temps aux studios ICP, à Bruxelles. Le soir, on se retrouvait à table pour discuter et je lui ai raconté l’histoire de cette chanson que j’avais écrite pour Kat Onoma, puis que j’avais gardée sous le coude, persuadé que lui la chanterait mille fois mieux que moi. Cette chanson, je l’ai ensuite transformée, j’ai ajouté un rythme jungle et c’est devenu Samuel Hall. A ce moment-là, Alain pensait avoir toute la matière nécessaire pour Fantaisie militaire, il m’a dit "Attends un peu, je l’écouterai plus tard." Mais un jour, il m’a appelé, m’a demandé une cassette et très rapidement, a décidé que la chanson irait sur l’album, dans l’état. Tout est comme ça, avec lui : il y a des espèces d’évidences qui s’imposent et dans ce cas-là, tout va très vite.


Quelle est, selon vous, sa plus grande force ou sa plus grande qualité ?

Rodolphe Burger ­ Son intuition. C’est quelqu’un qui prépare énormément les choses, un gros bosseur, qui peut se permettre par la suite de laisser parler son intuition, son instinct. En plus, c’est une intuition doublée d’un sens aigu du recul, de l’analyse. Il est très attentif, en attente de ce qui se passe, des accidents heureux, par exemple. Il me fait penser à ces animaux placides, immobiles, qui bondissent d’un seul coup, quand un insecte passe.


Comment décririez-vous sa façon de chanter ?

Rodolphe Burger ­ La grande force de son chant, c’est toute la préparation intérieure, la rumination, l’attente. En studio, il va très vite, ça reste instinctif, très vivant, mais avant d’enregistrer, je crois qu’il réfléchit énormément. On ne le voit pas, il est dans un coin, il ne bouge pas. Et puis d’un coup, hop, ça se passe.

Bashung occupe une position unique en France. Pourquoi ?

Rodolphe Burger ­ Je suis très impressionné par le parcours, par l’ensemble du trajet. A partir des empreintes rock marquantes qu’il a reçues très jeune en écoutant la radio, il a créé un truc inouï, totalement unique en France. Il a produit des choses assez extrêmes comme Novice et en même temps, les minettes en sont dingues. L’autre jour, il est venu à la maison et dans mon immeuble, c’était l’hystérie. Il a simplement traversé la cour et les femmes devenaient folles. Pourtant, on ne le voit pas dans les médias, il se fait rare. Mais ce qu’il fait est incroyablement fort : Madame rêve, ça a parlé à toutes les femmes… Il reste en permanence en éveil, en alerte.

Votre meilleur souvenir avec Bashung.

Rodolphe Burger ­ Un souvenir très récent : l’autre jour, au Bataclan, quand il est venu chanter Samuel Hall avec nous. Je l’ai appelé quelques jours avant, il a dit "OK, soyons fous, je viens." Avec Alain, je suis toujours étonné par la simplicité des rapports humains. J’ai l’impression de le connaître depuis longtemps, une impression accélérée par le fait qu’il me rappelle beaucoup le trompettiste de Kat Onoma. Ils ont la même expression favorite pour formuler le compliment maximum qu’on puisse faire à un type : "T’es un beau salopard." par Emmanuel Tellier  En savoir +

Rodolphe Burger - Samuel Hall

Son hommage :

Recherche associée :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire